05/12/2011

Intervention sur le développement économique à Saintes et en Saintonge

Je souhaite intervenir sur le développement économique de la ville de Saintes, et plus globalement de son agglomération. Cette priorité mériterait d’être davantage portée. (Cliquez ci-dessous sur "Plus d'infos" pour lire le texte en entier)
Nous n’avons jamais vraiment su faire fructifier le potentiel géographique dont nous bénéficions, en nous situant au cœur des infrastructures autoroutières et ferroviaires. Dans quelques années, il y aura l'arrivée du TGV : il s'agit cette fois-ci de ne pas rater cette étape. Et je me réjouis que Dominique Bussereau se mobilise pour faire avancer ce projet important dont il nous parlera tout à l’heure.
Je vais commencer (et veuillez m’en excuser) par dire un peu de mal de la majorité saintaise actuelle, particulièrement en matière économique ; ensuite rassurez-vous je développerai une vision constructive, en affirmant une ambition politique forte.
Quel est le but de cette ambition ? Tout simplement faire diminuer le taux de chômage à Saintes, qui je le rappelle est supérieur à la moyenne départementale, et aussi à la moyenne nationale. Car, au fond, tout en découle : l’emploi crée du pouvoir d’achat, dynamise la cité, et attire des populations jeunes, des familles : c’est donc la bonne santé des commerces qui est en jeu, mais aussi celle des écoles, des quartiers, etc.
Je crois tout d’abord qu'il est nécessaire de prendre en compte une notion importante : c’est la compétition entre les territoires. Toutes les villes, toutes les agglomérations, rêvent d’accueillir des commerces et des entreprises afin de développer l'emploi. Mais, pour cela, il est indispensable de faciliter l'activité économique au lieu de la contraindre.
Contraindre, c’est par exemple le concept de « ville apaisée » voulu par le Maire Jean Rouger, qui a entraîné une réelle défiance des habitants à venir consommer en centre-ville, notamment à cause des problèmes de stationnement.
Contraindre, c’est aussi par la fiscalité locale, et surtout la taxe foncière qui atteint des taux record, sans réel grand projet de développement ou d’animation. Qu’on le veuille ou non, c’est un frein pour la dynamique de la ville.
Pour tout dire, je crois que le développement économique ne figure pas parmi les priorités de la majorité actuelle. Vous le savez peut-être, cette compétence est exercée au niveau de la Communauté de Communes du Pays Santon (CDC). Jean Rouger, qui en est également le Président, a souhaité garder cette responsabilité en direct, mais sans y accorder de moyens. Le service développement économique est notoirement sous-dimensionné, avec une seule personne…
Alors, bien sûr, tout n’est pas si noir que cela. Il y a quand même de belles réalisations, des réussites, et beaucoup de personnes s'investissent. Pour autant, au niveau des élus, si le développement économique (qui est par nature difficile à booster) reste avant tout une question d’anticipation, c’est aussi une question d’envie et de capacité à mobiliser.
On fait beaucoup pour le culturel, pour le patrimoine, et c'est important. Je rappelle que le tourisme est le premier secteur économique du département, avec 20.000 emplois dont 6.000 permanents. Mais il faut faire converger cette partie culturelle et touristique, avec un vrai développement économique. Si le centre-ville de Saintes devient moins attractif, c’est aussi l’activité touristique qui s’en ressentira, et qui en pâtira tôt ou tard…
Alors comment s'y prendre, concrètement, pour améliorer la situation ?


Il faut tout d’abord construire une véritable stratégie économique qui s’appuie sur les atouts de notre tissu économique local, une vision à 10 ans partagée avec les communes et les territoires voisins. Aujourd’hui les acteurs politiques ne sont pas unis autour de cette vision : le Pays de la Saintonge romane élabore un projet économique volontariste, au travers de son "Schéma de Cohérence Territoriale" (le SCOT). Personnellement je le trouve positif. Il était même question de créer une agence de développement économique. Mais la CDC s’y est opposée, car elle dispose - comme je l’ai déjà dit - de son propre service et réfléchit de son côté à un "schéma de développement économique". Il y a donc beaucoup d’idées qui sont déjà avancées. Reste à avoir la volonté pour les mettre en œuvre, avec du bon sens et de façon pragmatique.
En premier, et c’est la base, accompagnons davantage les entreprises dans leur développement (et aussi leurs difficultés), écoutons-les, recueillons leurs besoins, et soyons en amont des réflexions. Comment voulez-vous faire ce travail avec une seule personne à la CDC ? Il faut accorder plus de moyens, en réallouant d'autres postes budgétaires qui ont trop fortement augmenté ces dernières années. Et appuyons-nous sur les clubs d'entreprise, les associations de commerçants, les réseaux professionnels (avec la CGPME par exemple), et bien entendu la chambre de commerce et d’industrie !
Organisons un développement équilibré entre les zones périphériques et le centre-ville, mais aussi entre l'Ouest et l'Est de la ville, entre la rive gauche et la rive droite : il y a de la place pour tout le monde, à condition de bien équilibrer les filières. Les activités ne s’opposent pas entre elles, elles se complètent. Le centre-ville, cependant, mérite que l’on y concentre l’effort politique, en facilitant tout ce qui peut l'être, et pour commencer en revoyant l'organisation du stationnement… A Saint Jean d’Angély, un système moderne et performant vient d’être mis en place, avec gratuité de la première heure, en composant directement sur l’horodateur le numéro de sa plaque d’immatriculation ; il crée les conditions d’une augmentation de la fréquentation du centre-ville. Je laisserai le soin à Paul-Henri Denieuil, son maire, d’en détailler le mode d’emploi et les résultats.
Ramenons de l’activité autre que commerciale. Il y a un vrai risque de saturation. Ne pouvons-nous pas, plutôt, favoriser l’installation d’entreprises de production ? La cible, ce pourraient être les PME de 20 à 50 salariés. Sachons les attirer et aidons-les à émerger. Car elles génèreront des services et cela profitera aux autres activités.
Améliorons l'offre foncière : c’est le pivot de l’action économique au niveau local. Certes, une acquisition de 60 hectares se prépare à St Georges des Coteaux, mais c'est encore une extension du Parc Atlantique et ce n’est pas suffisant en terme de diversité de l’offre. Il faut anticiper les choix d’implantation des entreprises. Si nous ne pouvons pas les accueillir exactement là où elles le veulent, elles iront ailleurs, c’est ça la compétition territoriale... car d’autres collectivités sauront mieux répondre à leurs attentes.
Renforçons la formation en lien avec le tissu économique local : on pense bien entendu à la maintenance ferroviaire et à la mécanique aéronautique, avec par exemple le projet de formation de technicien aéronautique proposé par le lycée Palissy et la base aérienne de Paban. Mais je pense aussi aux formations liées à la santé et aux services à la personne, ou encore dans le tourisme… En France, le nombre de contrats par alternance a grimpé de 7% en un an. La bataille de l'emploi passe par les jeunes. L'apprentissage est une vraie solution.

Et puis je pense qu’un élu doit être le meilleur commercial, le meilleur VRP de son territoire, en consacrant du temps et de l’énergie à attirer les entreprises ou les équipements publics. Cela ne s’improvise pas. « Ne pas avoir un train de retard » (au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs) : c’est peut-être ce que Jean Rouger aurait dû se dire lorsqu’il a raté le train pour se rendre à Paris, au moment de faire valoir les arguments de Saintes pour l'implantation de la future prison. La création du centre pénitentiaire à Fontenet va générer 40 millions d’euros de retombées économiques durant le chantier, et plus de 300 emplois directs. Après 2016, 200 emplois assureront le fonctionnement de cette prison. Les élus du Val de Saintonge peuvent s’en réjouir, au premier rang desquels Paul-Henri Denieuil. Ils ont su se mobiliser, avec l’appui du Conseil Général.
Enfin, si l’on veut élargir la perspective, il faut se rappeler que Saintes ne vit pas au milieu d'un désert.
Vouloir éviter une trop grande concentration des activités à Saintes n’est pas qu’une question d’altruisme envers les autres communes. Structurer le territoire permettra au contraire d’accompagner notre propre développement. Et donc, au-delà du pôle saintais, une idée qui germe consiste à développer et à coopérer avec des « pôles d’équilibre ». Je citerai l’exemple des communes de Burie et de Chérac tournées vers le Cognac. Il faut ainsi développer de vraies filières locales, telles que l’éco-construction, les énergies vertes et notamment l’énergie bois, sans oublier l’agriculture.
Par ailleurs, le renforcement des centre-bourgs permettra le maintien des populations à condition de consolider les services publics et marchands de proximité. La lutte contre la désertification médicale devient aussi un enjeu dans ces zones rurales. Le Conseil Général l’a bien compris, avec un dispositif d’incitation des jeunes médecins.

En conclusion, je voudrais simplement insister sur le fait qu’il est indispensable de travailler tous ensemble et de se réunir, sans clivage politique, autour de cette ambition forte pour le développement économique, à Saintes et en Saintonge. Il nous faut fédérer toutes les compétences, si nous voulons être acteur de notre devenir, et non spectateur. Cette priorité de l’emploi au niveau local est peut-être la première entre toutes dans la période de crise que nous traversons, en tout cas celle qui me donne envie de m’engager en politique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire